Une histoire de la Chine 4/4
Article précèdent : Une histoire des empire de Chine 3/4
La dynastie QING (également retranscrit Ch’ing, ou Ching, ou Tsing).
La dynastie QING (également retranscrit Ch’ing, ou Ching, ou Tsing).
En 1644, les Mandchous sont à Beijing et proclament la dynastie des QING. Le pays se retrouve une fois encore sous domination des conquérants du Nord, dont l’aptitude de combat met en déroute l’armée Ming. Il s’agit du peuple Jurchen1 qui change de nom en Mandchous lors de l’invasion de la Chine.

Les Mandchous, vassaux des Ming, ont été sollicités pour contrer les invasions japonaises (1592/98) mais ils prirent progressivement le pouvoir dans l’ensemble de la Chine et instaurent l’Empire du Grand Qing. La Chine ne fut totalement sous leur autorité et réellement pacifiée qu’en 40 ans (1683). Les Mandchous se sont beaucoup plus approprié la culture chinoise que leurs cousins Mongols. Ils ne reproduisent pas les erreurs de la dynastie Yuan, en s’entourent de conseillers chinois solides et avisés, traitant particulièrement bien les lettrés.
C’est durant la dynastie Qing que l’Empire sera le plus vaste (14,7 millions de km²) un des plus étendu de l’histoire du monde derrière celui de Gengis Khan et l’Empire russe (avant la révolution 1917).
Cet Empire sera aussi le plus vaste Etat du monde et le plus peuplé.
Trois grands empereurs éclairés se succèdent, éclairés en raison de leur ouverture d’esprit et de leur volonté d’œuvrer pour le bien de l’Empire, dont deux des plus grands de l’histoire de la Chine. Avec Kangxi, dont le règne sera le plus long de l’histoire de la Chine (62 ans) débute l’âge d’or des Qing qui dura plus de 100 ans : une période de paix et de prospérité sans précédent malgré une population qui s’accroit considérablement (multipliée par plus de 4 pour dépasser 400 millions d’habitants en 1900). La politique économique initiée par Kangxi, poursuivie par ses successeurs : YongZheng et Qianlong, qui règnent respectivement 13 et 60 ans ; était d’élever le niveau de vie et d’enrichir les paysans (exonérations spéciales de taxes dans les campagnes) entrainant la prospérité des milieux ruraux très largement majoritaires. Les fonctionnaires également furent mieux payés pour réduire la corruption.Kangxi règne de 1661 à 1722, c’est le 4ème empereur de la dynastie2, souverain après 10 ans de régence de sa grand-mère. En arrivant au pouvoir alors qu’il n’a que 16 ans, il écarte son premier ministre qui voulait usurper le pouvoir. Habile politicien, il gère habillement les relations entre Mandchous et Han. Il encourage les arts et les sciences, accueille des jésuites occidentaux, s’intéresse à la médecine occidentale, aux mathématiques, à la cartographie, à l’artillerie occidentale. Il repousse les attaques Mongoles et Russes. Il est également connu pour avoir commandé le plus grand dictionnaire de caractère chinois jamais créé.
La culturel chinoise rayonne et son ouverture est internationale. Avec Qianlong règne de 1735 à 1796 (2ème règne le plus long). C’est l’apogée de la dynastie. Kangxi avait choisi comme successeur le père de Qianlong pour que celui-ci arrive au pouvoir. Il n’est qu’un des petits-fils de l’empereur (de son nom Hongli) parmi plus d’une centaine d’autres, mais il fait preuve d’un courage extraordinaire à 10 ans et attire l’attention de son grand-père (attaqué par un ours lors d’une chasse, il ne fuit pas mais enfonce un pieu dans le corps de l’animal). Kangxi l’invite au palais et remarque alors ses capacités intellectuelles et physiques.
Lorsque Kangxi meurt, il n’a que 11 ans, son père monte sur le trône et fait immédiatement de Hongli le prince héritier, sans faire connaître sa décision. Hongli est extrêmement bien formé, faisant de lui un des empereurs les mieux instruits de l’histoire chinoise. Il est calligraphe, poète et peintre habile. Il parle chinois, mandchou, mongol et tibétain. Il agrandit l’Empire à l’Ouest, vers le Xinjiang3 et le Tibet4.
Mais les Qing, comme les Yuan, édicteront des règles de castes : la Mandchourie est interdite au Han afin de conserver un territoire pur ; et les mariages mandchous-han sont prohibés. Les Empereurs parlent chinois et même s’ils admirent la culture chinoise, la langue du palais est le mandchou.
Le règne de la dynastie Qing a pris fin le 12 février 1912, avec l’abdication du dernier empereur de Chine, Puyi, alors âgé de 6 ans et l’avènement de la République de Chine, puis de la République Populaire de Chine (communiste) en 1949.
Conclusion de l’histoire de la Chine Impériale : les catastrophes naturelles, les révoltes, la corruption généralisée et les pressions internationales viendront à bout du régime Qing qui s’effondre. La population Han est devenue hostile aux autorités mandchous5.
Cette triste période de l’histoire chinoise commence à la fin du XVIIIe siècle et dure jusqu’au milieu du XXe. Elle est dramatique et avec de récurrentes convulsions.
La forte augmentation de la population, la stagnation économique, la hausse des taxes pour financer les campagnes militaires, et les catastrophes naturelles (sécheresse, inondation) a répétition entrainent des famines et des millions de morts6 qui provoquent des troubles sociaux. L’empereur perd en partie son prestige, ne parvenant pas à secourir les populations.
La révolte des Taiping initiée en 1851, dans le Sud qui voulait son autonomie (raisons sociales et religieuses) est la pire guerre civile de l’histoire du monde. Elle dure 11 ans (1853-1864) et cause 20 à 30 millions de morts. Les forces militaires en présence sont considérables, plusieurs millions de combattants dans chaque camp. En 1851 commence également la révolte (économique) des Nian au Nord, qui dure 17 ans. La révolte (religieuse) des Dounganes musulmans débute en 1862 durant 15 ans.
S’ajoutent aux catastrophes naturelles et révoltes, les confrontations avec les puissances occidentales : guerres de l’opium de 1839-42 et 1856-60, guerres pour des raisons mercantiles, la Grande Bretagne souhaitant s’assurer des débouchés commerciaux, et refus des chinois d’acheter de l’opium (d’où le nom donné aux guerres) perdues par l’Empire du milieu face aux technologies militaires occidentales et une organisation trop rigide. La Chine humiliée abandonne provisoirement une partie de son territoire (concessions internationales et bail, fameux traités inégaux). L’empereur perd encore de son prestige. La présence d’étrangers sur le sol chinois imposant leurs règles entrainera la guerre des Boxers (1899-1901).
Extrait de la conférence sur l’histoire et la culture de la Chine mars 2020
Sources essentielles et bibliographie :
Il était une fois la Chine : 4500 ans d’histoire – José Frèches Edition 2018
Le dictionnaire amoureux de la Chine – José Frèches Edition 2013
La Chine, comprendre sa culture, son histoire, son devenir – M. Armand, B.Castiglioni, C. Ledoux, (Conférence 2006-07 UTL Orléans)
Les dix plus grands empereurs de Chine 1 et 2, publié par Krys, blog.lespetitsmandarins.fr 03/2021
Empereurs de Chine, Chine-Nouvelle.com
L’histoire de la Chine en 11 dates, Sabine Jourdain Revue l’Eléphant, 10/2024
La Chine et l’Occident – dossier Le Point Décembre 2021
- Qui avaient fondé la dynastie Jin à l’époque des Song. ↩︎
- Mais 2ème empereur de Chine de cette dynastie. La dynastie Qing (initialement Jin postérieurs) commence en 1616 en Manchourie, avant la conquête de la Chine, avec l’unification des tribus Jurchens.
↩︎ - Actuelle région autonome des Ouighours.
↩︎ - Il installe le Dalaï-Lama a la place du Roi du Tibet. ↩︎
- De nombreux films chinois historiques ou d’art martiaux (Gordon Liu, Jet Li, Donnie Yen …) traduisent le rejet des Mandchous par les Hans.
↩︎ - Toutes les catastrophes ne sont pas documentées, mais les morts se comptent par dizaines ou centaines de milliers ; 1839 à 1841 : famine Sichuan, 1849 : inondations du fleuve bleu, 1851 : famine Hunan, 1851 : inondations fleuve jaune, 1876 à 1879 : famine Shanxi, Hebei, Henan Shandong (13 millions de morts), 1887 : inondations fleuve jaune (1 million de morts).
↩︎