Une histoire des empires de chine
Une histoire des empires de chine

Une histoire des Empires de Chine 3/4

Article précèdent : Une histoire des empire de Chine 2/4

La dynastie SONG est tombée …

La conquête de la Chine s’étale sur 70 ans, et 3 générations, c’est la Chine du Sud qui résiste le plus longtemps jusqu’en 1273. Gengis Khan (1162-1227) devient le Khan de tous les Mongols en 1206, mais avant même l’unification des tribus mongoles, il lance ses attaques sur la Chine du Nord : contre les Xia occidentaux (1203), les Jin (1205), ils seront conquis en 1209. Mais c’est son petit-fils (Kubilaï Khan) qui conquiert la plus grande partie de l’Empire des Song en 1276.

Möngke, (autre petit-fils de Gengis Khan) est Grand Khan des Mongols en 1251. Il lance une campagne contre les Song en 1259, mais il meurt au cours du siège de Chongqing. Kubilaï Khan, son plus jeune frère proclamé nouveau Grand Khan, poursuit l’assaut qui sera victorieux. 

La dynastie YUAN1 2  
La dynastie mongole fondée par Kubilai Khan, règne sur la Chine de 1271 à 1368 (92 ans) et fera de Beijing sa capitale (ville du Khan ou Grande capitale des Yuan). Par sa surface l’Empire Yuan sera 2ème Empire chinois le plus étendu (11 millions km²). Un tel ensemble favorisera le commerce et les échanges culturels entre les peuples et les régions.

Kubilaï Khan est connu en Occident, c’est sous son règne que Marco Polo (vénitien) décrit la Chine. L’empereur reçoit aussi la visite de l’explorateur Ibn Battûta (berbère). 

Les Yuan favorisent la route de la soie (construction d’infrastructures, prêts aux caravanes commerciales et système postal mongol3) : les connaissances scientifiques et techniques étrangères pénétrèrent en Chine et celles de Chine voyagent (poudre à canon, imprimerie, acupuncture) ; et cela stimule le développement économique et culturel. La cartographie, la géographie et l’astronomie progressent. Les mathématiciens chinois poursuivent les efforts entamés sous les Song. Le théâtre est encouragé et s’accompagne désormais d’instruments musicaux. Musique, danse et poésie se combinent alors dans un théâtre chinois renouvelé par les apports artistiques mongols.   

Depuis leur conquête, les vainqueurs utilisent les réseaux existants (administration) pour asseoir leur pouvoir, mais ils maintiennent un contrôle extrême. Durant cette courte dynastie Yuan, les « maîtres » mongols ne semblent pas être parvenus à devenir véritablement empereur de Chine, restant attachés à l’affirmation de leur supériorité de caste dirigeante. Il y a un véritable retour en arrière par rapport à l’exercice du pouvoir des Song, un effacement progressif des valeurs de la période Han, sur lesquelles les dynasties Tang et Song avaient assis leur pouvoir. 

Caractéristiques du régime, dans cet Empire cosmopolite la population est divisée en quatre castes ethniques distinctes. Les Mongols constituent la première ; les autres peuples dits « aux yeux colorés », d’Asie centrale ou même d’Europe (ainsi rédigé …) la seconde. Les Chinois (Han), Jurchens et Mandchous de l’ancien territoire Jin, dits « du Nord », Hanren (chinois du Nord) font partie de la troisième caste ; les Chinois et ethnies habitant l’ancien territoire des Song du Sud constituent la dernière caste Xin Furen (nouveaux sujets) ; mais aussi : mariages interethniques interdits, port d’armes réservé aux mongols, places des concours réservés aux mongols (moins formés et cultivés que les lettrés chinois) espionnage des fonctionnaires chinois par leur adjoints mongols, peine de mort pour le meurtre d’un mongol …

Déclin de l’Empire
L’objectif du pouvoir mongol est de s’approprier les immenses richesses minières, agricoles et artisanales de la Chine. A trop en vouloir, le pouvoir sera de plus en plus contesté par la population chinoise. Les Yuan ont été perçus comme des occupants : dès 1300 des révoltes populaires se multiplient (seulement 30 ans après le sacre de Kubilaï, et 6 ans après sa mort). Les derniers empereurs ne peuvent plus compter sur la puissance mongole : ils ont perdu leur influence sur les autres chefs mongols, tandis que ces derniers les considèrent désormais comme trop chinois : ils ont adopté la richesse et la finesse de la culture du pays qu’ils ont soumis.

Les dernières années de la dynastie sont marquées par la famine, et la rancœur de la population. 

Des mouvements armés de libération éclosent (Turbans rouges notamment) et prennent le pouvoir sans remettre en cause les institutions existantes. Les Mongols disparaissent peu à peu, l’administration chinoise demeure : pas d’anarchie, pas de chaos, la population chinoise comprend que les envahisseurs sont sur le départ. Une nouvelle dynastie se prépare.  

Les Yuan ont été la première dynastie non-chinoise à avoir gouverné toute la Chine. L’empereur et ses partisans fuient vers le Nord, vers leurs terres d’origine où ils fondent la dynastie des Yuan du Nord4 5

La dynastie MING est la dernière dynastie chinoise dominée par les Han. 
L’empereur Hongwu va redresser le pays, mais sa façon de gouverner s’apparente à celle des Mongols et non des Song. Les Yuan ont marqué la pratique du pouvoir : autoritaire et dictatorial. 

Favorablement accueilli à son arrivée au pouvoir pour être parvenu à chasser les envahisseurs, le fondateur de la nouvelle dynastie fut durant son règne brutal, sanglant et jugé paranoïaque et despotique. Très méfiant convaincu de complots, son premier ministre, compagnon de la première heure, fut exécuté en 1380 en même temps que ses proches (15 000 personnes selon les sources). Les conséquences se sont fait sentir pendant des années, la fonction publique ayant été décimée. Avec la mort de la plupart de ses compagnons de route, et vers la fin de son règne, de ceux susceptibles de contester son successeur, c’est au total la mort de 40 000 personnes durant les 30 ans de son règne.

Après 3 ans de lutte, Yongle fils de Hongwu arrivera au pouvoir en reversant son neveu l’héritier désigné par Hongwu. Il fera lui aussi exécuter tous les militaires et fonctionnaires ayant servi l’empereur déchu, ainsi que leurs parents, cousins éloignés, voisins, serviteurs et amis … l’histoire se répète.

Le premier empereur de la dynastie a mis en place un système faisant régner un climat de suspicion au sein de la fonction publique Une police militaire sera créée : les « Gardes aux vêtements de brocart » (Jinyiwei), chargée de surveiller les hauts dignitaires. Héritage Yuan, l’Empereur décide seul ou avec ses proches fidèles. Mais avec le temps, les eunuques s’imposeront, eux qui avaient été chassés par Hongwu. 

Les Ming décident la construction d’une puissante marine de guerre et d’une armée de métier d’un million d’hommes. Les Ming, armés d’un esprit de revanche, se lanceront à la conquête de la Mongolie (avec succès sous l’empereur Yongle, en 1424, après 10 ans de guerre).

Des missions commerciales et diplomatiques ont existé durant les dynasties précédentes, mais la taille de la flotte menant les différentes expéditions de l’amiral Zheng He (un eunuque) était largement supérieure, pour démontrer la puissance retrouvée de la Chine jusqu’en Inde, Asie du sud, péninsule Arabique, Afrique de l’Est avec près d’un siècle d’avance sur le Portugal et l’Espagne, grâce au niveau technique atteint par les chantiers navals (jonques de haute mer jusqu’à 130m de long).

D’énormes constructions sont entreprises, notamment la restauration du Grand Canal et la poursuite de la construction de la Grande Muraille, et de Beijing, avec la Cité interdite, le Temple du Ciel. D’autres villes se développent également. Au XVIe siècle, la Chine apparaît déjà comme un pays industriel avec une classe ouvrière et des capacités de production à grande échelle, 2 siècles avant l’Angleterre, première puissance industrielle européenne au XVIIIe siècle. C’est alors la première économie mondiale avec son énorme population. La base agricole est également renforcée.

Mais les classes laborieuses de la population sont considérées comme un outil économique et fiscal, pourvoyeuse de bras pour les grands travaux et l’armée. A partir de 1620, des problèmes de succession éclatent, non résolus avant les épisodes de sécheresse, famine, froid et épidémies en 1627/28. De nombreux troubles éclatent dans les provinces et des forces étrangères tentent de profiter de l’affaiblissement intérieur de l’Empire. 

A suivre : la dernière dynastie des Qing offrira à la Chine deux de ses plus grands empereurs, se confrontera aux puissances occidentales et succombera en 1912 à la révolution menée par Sun Yat Sen, quand l’Europe marche vers la guerre en 1914, et l’empire Russe vers la révolution en 1917 …


  1.  Il est intéressant de noter que l’histoire de cette dynastie diffère selon les archives chinoises ou mongoles. Par exemple dans la présente histoire, comme en Mongolie, la Chine est conquise par les Mongols tandis qu’en Chine, c’est la Mongolie qui est annexée. 
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  2.  C’est également le nom de la monnaie chinoise actuelle.
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  3.  Ce système (örtöö) mis en place par Gengis khan était constitué de relais (peut-être 3000) tous les 30 km, dans tout l’Empire pour permettre aux postiers de se reposer et de changer de cheval (peut-être 150 000 chevaux). Le courrier était rapidement transmis, ainsi que les informations sur la sécurité pour les voyageurs. Eclaireurs et espions utilisaient aussi ce dispositif qui a certainement été un facteur décisif des conquêtes éclairs des mongols.
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  4.  Yuan Shundi en chinois, Togoontomor en mongol, épouse de l’impératrice Ki (esclave coréenne devenue impératrice de Chine).
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  5.  Soumise par les Mandchous 267 ans plus tard, avant leur conquête de la Chine. 
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