Désert
C’est avec plaisir que je vous partage ma traversée nomade, d’une semaine dans le désert marocain, dans la région de Zagora. Sept dames, toutes de métiers différents, et une même voix : de soi à Soi dans la Beauté du dépouillement que sa richesse offre, immensité, tranquillité, générosité, silence, puissance et grandiosité. Grandiosité qui m’ancre et me ramène à ma petitesse… Désert lorsque ta magie m’épouse, opère et rayonne en moi et autour de moi. Nous étions accompagnées de 4 guides berbères, qui chaque jour partageaient leur art de vivre, leur lecture des dunes, des étoiles, du vent… un dialogue entre guides dunes et dromadaires. Tout simplement extraordinaire. Qu’avais-je besoin de plus ? Rien. Qui étais-je ? Une apprentie pleine d’enthousiasme.
Chacune de nous avions notre dromadaire qui se chargeait de nos effets personnels, réduits à l’essentiel. Le mien était blanc avec un filet bleu, une auréole dans les yeux. Il s’approcha de moi et me choisit. C’est avec joie que je l’ai accueilli et nommé… Flash !! J’ai appris qu’il était “adolescent” d’où sa couleur et son pelage. A vrai dire Flash était d’une race particulière. Une fois les présentations faites, à nouveau je pris conscience, de l’Absolu, de la puissance de la Beauté. J’ai repensé à l’Alchimiste, de Paolo Coelho, que j’ai lu il y a bien des années, tout en regardant Flash qui tranquillement, ruminait de son port altier… douceur et gratitude.
Désert mon éclaireur… et va pour l’alchimie. Un cheminement de la pierre en sable, un cheminement vers le lâcher-prise. Tel un métronome donnant la mesure, le rythme afin d’interpréter sa partition, dans un mouvement, une dynamique juste, en accord avec qui Je Suis, éclairée par l’âme-agit.
18h, arrivées à la porte du désert. Après avoir fait des bisous à ma petite famille, j’éteignis mon téléphone.
Et là… Une tente bédouine installée. Nous sommes accueilles par Walid le responsable de notre équipée, Mahmoud, Zakaria et Youssef, autour d’un joli feu de bois, avec du thé et différentes douceurs. Agréable moment d’échange et de partage, sous un ciel net et sans fin, éclairé par une multitude d’étoiles qui souhaitèrent tant nous conter ! … Et notre première nuit, chacune dans son sac de couchage, dans notre tente.
6 heures du matin, méditation de 25 minutes environ, face à un panorama à couper le souffle, le soleil levant devant nous. Quelques exercices d’étirements après, nous voilà assises dans un ravissant salon fait de tapis, de nattes, à même le sable, et de plateaux garnis, que Walid et ses camarades ont dressé pour nous. Chaque plateau présentait ses délices : théière entourée de ses verres à thé (thé à la menthe, dattes, abricots séchés, raisins secs, noix de cajou et le terrible amlou !! (pâte à tartiner à base d’huile d’argan, beurre d’amande et miel) pour le 2ème et le 3ème plateau, des galettes de pain, chaudes. Les galettes sont préparées par Zakaria et cuites avec le four du désert (cf. photo) et surtout sans AUCUN grain de sable !! Remarquable.



Pendant que nous partagions, en toute sororité, ce riche et délicieux petit-déjeuner sous le regard de Flash et ses copains, nos guides s’afférèrent au démontage des tentes (la nôtre et la tente stockage et “cuisine”). Tout ceci bercé par leurs chants berbères… instant enchanteur.
8h, Flash équipé de mon barda est prêt à entamer notre périple. Nous voilà partis pour 4 ou 5 heures de marche, en silence (nous avons convenu ainsi) équipés de nos chèches et gourdes. Nous traversâmes cette étendue… aux couleurs indéfinissables.
Désert avec ses dunes diverses et variées, par moment des cailloux, des acacias, des buissons des créosotes, et une vie infiniment petite… Dans cette grandeur rien que pour nous.
De temps en temps une mélopée s’élevait, venant nous bercer. Walid et ses compagnons célébrèrent ainsi leur marche, le désert, de leur tenue éclatante pour certains. Ce chant doux embellissait l’instant, et ouvrait d’avantage cet espace “ardent” “absolu” “grand” dans mon cœur. Le ressenti est difficile à dépeindre, ces mots sont ceux qui ont la vibration la plus proche de mon ressenti, à ce moment précis.
A d’autres moments, quelques babillages en langue berbère amenèrent une touche de plus : légèreté, suavité, harmonie… Je m’en nourris. Quelle bonté, quelle beauté, quelle grâce… tout simplement là, tout autour de moi.
Arrivés à destination, notre tente est installée. Youssef et Mahmoud se sont désolidarisés (les dunes ont dû leur murmurer l’endroit). Notre tente bédouine, la plus simple, la plus belle, la plus chaleureuse dans cette immensité, fût à mes yeux, majestueuse.
Walid et Zakaria amenèrent une collation dans ce petit salon fait de tapis, à quelques pas de notre tente, sous un acacia. Thé, mandarines, et quelques fruits secs, en attendant le repas préparé par Mahmoud et Youssef. Nous nous retrouvâmes chacune, le temps de revenir… déposées sur les tapis.
Arriva le déjeuner : des plateaux élégamment garnis aux couleurs éclatantes. Pour ce midi, salade de crudités, Tajine de légumes avec amandes et noix de cajou (qui ont gonflé dans de l’eau durant quelques heures) et les délicieuses galettes de pain, chaudes, avec zit zitoun !! (huile d’olive) et le plateau de fruits.
Après ce délicieux repas, le temps de la sieste ou de la lecture ou de la contemplation, s’invita. Chacune vaquait à son occupation.
Vers 16 heures, nous nous réunissions en cercle, devant notre tente qui nous offrait ombre et fraicheur. Nous partagions nos ressentis vécus lors de notre traversée silencieuse. Pour chacune, cela pouvait-être une libération, des larmes, de l’inconfort, ou encore une ouverture, de la joie, de l’émerveillement, une paix, un partage de vie… De ces émotions et ressentis, Nelly notre amie thérapeute proposait des soins appropriés et adaptés, à celles qui en avait besoin et en faisait la demande. Séquence émotions : bonté, bienveillance et gratitude vibrèrent et rayonnèrent. Quelques heures après cette séance de partage et de soins, un grand calme, une grande paix s’installa en nos cœurs. Puis rires et joies ponctuaient cet instant.
Et comme un signal, Walid préparait la collation : thé et petit biscuits secs. Notre goûter servi devant ce panorama de dunes, de sable… sable qui voyage et prend forme au grés de l’information, sable qui offre sa beauté, sa créativité, sa volupté, ses rondeurs féminines et maternelles, sable qui Vie… Nous contemplions et appréciions en pleine conscience ces moments merveilleux.
Nous faisions deux méditations par jour, matin et début de soirée, sans compter nos marches silencieuses qui étaient aussi une forme de méditation.
Notre diner se composait essentiellement d’un potage de légumes accompagné d’un taboulé (persil, coriandre, tomate, concombre, menthe, olives) et bien sûr les galettes de pain bien chaudes.
Le soir la température descend drastiquement, nous avions tout prévu. Une fois le dîner terminé, nous prenions notre thé « feuilles du désert » (un peu comme un rooiboss) devant le feu de bois. Walid, Mahmoud, Zakaria et Youssef, accompagnés de quelques instruments de cuisine, chantaient dans leur belle langue berbère. Je vous laisse imaginer… instant de grâce.
Puis il est le temps de nous déposer dans nos sacs de couchage pour, une douce nuit, dans notre « chapiteau ». Une fois notre tente silencieuse, le feu de bois est mis en sommeil. Rien n’est perdu, rien n’est gaspillé, le bois est réutilisé les autres soirs jusqu’à… poussière. Et le désert offrira en temps voulu du bois d’acacia.
Ainsi se déroulèrent les jours suivants avec un arrêt au puit, dans le nulle part, pour faire le plein d’eau.
Désert mon éclaireur… une voie vers soi. Un chemin que l’on décide de parcourir, vers son paysage intérieur. A chaque pas je me suis « déposée » je me suis recueillie… ressentis que chacune accueillit en conscience, dans cette mère-veilleuse vastitude.
Désert mon éclaireur… Ce chemin vers toi, vers moi, un chemin de bienvenu. Tout a été déposé (pensées, certitudes, questionnements). Je n’ai eu aucun doute, j’ai eu confiance en ta grandeur en ta beauté, une confiance en ce lieu et en moi-même, une Foi. Un grand bonheur et une tranquillité s’emparèrent de moi. Ces moments de retrouvailles qui me sont vitaux et précieux. Cette partie de moi qui est nécessaire pour respirer, vivre et m’épanouir.
Désert mon éclaireur… tu définis avec assurance et créativité ton paysage, ta puissance et parfois ta rudesse. Rien n’est laissé au hasard, puisque le hasard n’existe pas. « Le hasard c’est la forme que prend Dieu pour passer incognito » disait A. Einstein. Que j’aime cet adage. La Source Divine se promena dans toutes les palettes de forme, de matière, de souffle, de couleurs, que nous livrait le désert, dans le murmure de son silence.
Dans notre société, le recueillement pour ses retrouvailles sacrées est difficile pour beaucoup et inexistant pour certains. Le brouillage incessant que nous subissons, amène inquiétudes et affres, éloignant ceux qui sont fragiles jusqu’à renforcer l’égo chez certains. Tant de chacun qui s’écartent de leur voie, happé par l’urgence ou la survie.
De la pierre en sable… De la pierre ou encore de l’excès ou débordement de l’égo/mental, générant une disproportion qui entraîne une distorsion par l’exubérance, de mots, d’actes, de gestes, de comportements… De la pierre en sable, de ce cheminement s’établit une latitude permettant une lecture de Soi différente, une meilleure compréhension de son environnement, pour notre plus grand bien et celui de tous. De la pierre en sable, un cheminement vers l’alignement corps-âme-esprit… l’Alliance.
Par cette Alliance l’intuition se renforce, se révèle encore et encore, notre part Divine communique ainsi par “étincelles”. S’autoriser un « désert » dans son quotidien, dans le courant de la vie, est nécessaire pour être ancré, aligné, en paix, tel un bateau ancré en temps de houle comme par temps calme.
Le 7 ème jour, après 5 heures de marche, nous arrivâmes à la source Gaï, une oasis pleine de charme. Nous passâmes deux nuits et 3 jours, ce temps nécessaire pour un retour en douceur à Marrakech.
Le lendemain, ce fût le retour pour la France. J’en suis revenue aussi “grand” que le désert, mon coeur gonflé de paix… en unité et en plénitude.
je rallumai mon téléphone.


Gratitude
Frédérique







Superbe article.
Les photos sont magnifiques .